Quel chien pour quel gibier ? - association-dresseurs ADP
QUEL CHIENS POUR QUELS GIBIER ?
A l'exclusion d'une minorité de chasseurs qui se vouent exclusivement à la recherche d'un seul type de gibier, le nemrod français n'hésite pas souvent à mélanger dans sa besace plume et poil, au hasard des rencontres sur le terrain. Il débute souvent la saison par le faisan, le lièvre ou le lapin, pour terminer par la bécasse si son territoire héberge la précieuse mordorée.
Outre les affinités propres à chaque individu pour telle ou telle race canine ou tel ou tel mode de chasse, nombre de chasseurs se posent parfois la question de savoir quelle race de chien conviendrait le mieux à leur façon de chasser et s'accomoderait des différents gibiers présents sur un territoire tout au long de la saison.
DES CHIENS POUR TOUS LES GOÛTS ET TOUS LES GIBIERS
Les amateurs de petit gibier, qu'ils soient bécassiers, sauvaginiers ou autres lapiniers peuvent manifestement être contents. La plupart des races de chiens de chasse peuvent les accompagner sur le terrain. Il n'y a que l'embarras du choix, et ce ne sont pas non plus les combinaisons qui manquent :chien d'arrêt et retriever, spaniel et retriever par exemple.
La perdrix
Qu'elles soient grises ou rouge, les perdrix mériteraient d'être chassées uniquement au chien d'arrêt. Les plaines où elles ont su se maintenir en densité suffisante sont le terrain de prédilection des races de chiens d'arrêt au nez fin et à la quête ample : races britaniques évidemment, mais aussi continentales comme braques et épagneuls. Il n'est qu'à assister aux épreuves de field trial de printemps pour mesurer le degré de performance atteint par certaines de ces races sur les perdreaux de Picardie !
Là où la chasse au chien d'arrêt a cédé la place aux battues, il peut être particulièrement utile de s'adjoindre les services d'un retriever, si possible issu d'une lignée de travail, pour retrouver plus facilement oiseaux abattus et désailés.
Dans les milieux bocagers ou les vignes, les spaniels peuvent aussi convenir.
Le faisan
Le faisan constitue une part non négligeable des prélèvements effectués à l'ouverture. Gibier de base de nombreuses chasses communales ou commerciales, il est souvent issu d'élevage et lâché quelques jours avant d'être tiré.
L'emploi de ces "cocottes" au vol lourd et à l'instinct de défense altéré est fréquemment décrié, tant par les puristes que les opposants à la chasse. Aussi demeure t-il important de souligner la différence qui existe entre ces oiseaux de tir faciles et les faisans sauvages ou redevenus sauvages. Présents ici et là sur le territoire français, ces derniers constituent des proies roublardes et difficiles, au vol rapide et puissant. Leur défense remarquable exige des chiens bien mis, au nez sûr, ayant le sens du terrain et capables de négocier avec autorité un gibier particulièrement rusé et piétard.
Si la plupart des races de chien d'arrêt conviennent à ce type d'exercice, on essaiera pourtant de confronter aux oiseaux sauvages des sujets de bonnes origines, si possible issus des meilleures lignées de travail de printemps, là où la sélection des qualités naturelles est la plus pointue.
Lorsque la chasse au chien d'arrêt ne peut s'effectuer dans de bonnes conditions, comme la chasse en battue ou devant soi, on pourra recommander l'emploi de spaniels ou de springers, particulièrement efficaces vis à vis de ce gibier.
Enfin, la présence d'un retriever peut s'avérer précieuse car le faisan désailé est un oiseau qui piète facilement et loin.
La bécasse
Oiseau mythique et recherché, la bécasse possède parfois une réputation d'oiseau difficile un peu surfaite. La plupart des grandes races de chien d'arrêt ou de spaniels possèdent en effet des sujets capables de s'illustrer - avec leur style et moyens propres - dans la quête de cet oiseau tant considéré. Et c'est souvent au tireur qu'incombe le manque de résultats !
Chez les chiens d'arrêt, nul doute que les setters anglais, setters Gordon, braques allemands, epagneuls bretons ou autres griffons korthals ont acquis leurs lettres de noblesse sur bécasse. Leur réputation tient bien évidemment à leurs performances, mais aussi aux effectifs de leurs races en France. Il est plus facile d'y trouver des sujets parfaitement à l'aise sur ce type de gibier.
Pour autant les autres races à plus faible effectif ne sont pas non plus à négliger, même si la quantité de sujets de haute valeur y est nécessairement plus faible.
Quand on pense "bécasse", on ne songe pas spontanément au pointer car les biotopes favoris de la mordorée sont fréquemment assez fermés, assez denses, broussailleux voire épineux. Pourtant le pointer y excelle et, s'il n'a pas le sous-sous poil d'un griffon Korthals, il ne rechigne pas à aller à la ronce et à chasser par tous les temps.
Moins pratiquée, la chasse de la bécasse aux spaniels peut aussi réserver des moments d'excitation intense. Et tout spécialement lorsque les terrains sont "sales" ou accidentés.
La bécassine
Peut-être plus encore que la bécasse, la bécassine nécessite t-elle des chiens au nez très fin et capables de dominer le terrain. Plusieurs races s'illustrent dans la recherche de cet oiseau mythique parmi lesquelles on peut mentionner - sans exhaustivité - setter irlandais, épagneul breton, griffon korthals et setter anglais.
Le gibier de montagne
Tétras et bartavelle, voilà des oiseaux réputés difficiles et qui nécessitent d'un chien endurance, goût de l'effort et emprise de terrain. Pointers, setters, braques et épagneuls peuvent se frotter à ces gibiers rares et farouches pour autant qu'ils soient bien mis et entreprenants, sachent prendre du terrain et fassent montre d'un arrêt particulièrement sûr.
Le gibier de montagne est en effet trop rare et les conditions de progression trop difficiles pour laisser à un chien exhubérant la possibilité de mettre tout seul à l'envol ce coq que l'on traque depuis des heures. L'obéissance et la qualité du dressage sont ici des clés fondamentales pour la réussite.
Le lapin et le lièvre
Autrefois gibier de base du chasseur français, le lapin a vu ses populations régresser par suite d'infections virales comme la myxomatose ou le VHD. Le lièvre quant à lui, s'il était autrefois prolifique sur l'ensemble du territoire, a disparu de nombre de régions par suite de la mutation des pratiques agricoles et du développement du réseau routier.
Tous les chiens de chasse peuvent être employés à la chasse de ces deux gibiers. Mais si cela ne prête pas à discussion concernant les chiens courants et les broussailleurs, il en va différemment avec les chiens d'arrêt.
Outre les épreuves de field trial avec chiens d'arrêt au cours desquelles le respect du poil est impératif, il semble qu'une conception de la chasse de type britannique ait peu à peu pris le pas sur nos vieilles habitudes françaises. On tend en effet à réserver de plus en plus l'usage des chiens d'arrêt à la chasse exclusive de la plume.
Si cette conception s'avère salutaire à bien des égards et rencontre la faveur des puristes, elle ne satisfait pourtant pas toujours le chasseur "de base" qui ne dispose que d'un seul chien et voudrait aborder des gibiers différents. Le choix d'autoriser son chien d'arrêt à chasser le poil relève alors beaucoup plus de considérations personnelles et pratiques que d'appartenance à une école donnée. Si un chasseur devait choisir cette solution, qu'il soit bien conscient que cela exclut tout retour en arrière et à plus forte raison les positions yo-yo du type "aujourd'hui j'autorise, demain je n'autorise pas".
Quid d'un chien vraiment polyvalent ?
Polyvalence technique
Dans les pays de tradition cynégétique germanique, on demande aux chiens d'arrêt, non seulement d'arrêter, lever et rapporter le gibier à plume mais d'en faire autant pour le gibier à poil. On les utilise même pour mener à la voix le lièvre ou le chevreuil, et participer à la destruction de prédateurs comme le renard. Toutes ces exigences doivent être compatibles avec le respect du gibier à poil que l'on demande au jeune chien lors des examens d'élevage ! Autant dire que de tels résultats ne peuvent s'obtenir que par un dressage précoce et "aux petits oignons" pour que le chien comprenne parfaitement ce qu'on attend de lui.
A l'opposé de la tradition germanique, l'école britannique prône quant à elle une spécialisation extrême. A chaque groupe de races un travail bien précis : arrêter, broussailler ou rapporter.
La polyvalence "à la française" s'inscrit entre ces deux extrêmes. Au plan technique, on demande souvent au chien d'arrêt ou broussailleur de trouver, lever et rapporter le petit gibier. Tout chien de bonnes origines, suffisamment équilibré pour être parfaitement dressé, convient à cette conception de chasse "à la française".
Polyvalence sur le gibier
Au niveau du gibier lui-même, la question peut se poser de savoir s'il faut choisir un chien créancé, c'est à dire spécialisé sur telle ou telle espèce ou choisir un chien plus à même de s'adapter au gibier de rencontre. La réponse à cette problématique est somme toute simple :
- Chaque fois qu'un chasseur est lié à un environnement ou un mode de chasse précis (ex. chasse au marais) ou un gibier donné (ex. bécasse), il vaut mieux choisir un chien "spécialisé" dont les capacités naturelles s'expriment au mieux dans le biotope considéré. Evitez par exemple de choisir un pointer si vous ne chassez que le canard en hiver dans les marais ! Préférez un bon flat-coated retriever !
- Dans les autres cas, le choix d'un chien résulte surtout d'une affaire de compromis et de coup de coeur.